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Le syndrome du « burn-out »

ou :  épuisement - usure - surmenage
(D'après un article de LAWRENCE E. DODDS
HEARTSTREAM RESOURCES INC. - U.S.A

Beaucoup de plaisanteries sont formulées au sujet de l'épuisement. Certains disent : « Mieux vaut être usé plutôt que rouillé ». Les deux choses sont de mauvaises options. Nous participons à un marathon et souhaitons franchir la ligne d'arrivée. L'épuisement résulte d'une volonté de faire trop de choses en trop peu de temps, au lieu de nous modérer afin de pouvoir achever la course.

Etape 1 : Pénurie de carburant

Epuisement : l'un des premiers signes est le manque d'énergie et le sentiment de lassitude qui ne disparaît pas avec le repos normal. La personne a le sentiment de « courir à vide ». Elle n'a pas suffisamment d'énergie et de ressources personnelles pour mener à bien des tâches courantes. Elle fait de son mieux pour compenser, mais elle devient de moins en moins efficace, et de plus en plus épuisée. Par exemple, un pasteur qui ne se remet pas du stress de sa prédication du dimanche en prenant un repos le lundi sera de plus en plus éreinté, cela lui prendra des jours pour se remettre, là où quelques heures ou une journée suffisaient autrefois.

Déni : « Je suis OK. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de plus de repos. » Les symptômes qui normalement devraient alerter la personne que quelque chose ne va plus deviennent des ennemis qu'il convient d'ignorer ou de combattre.

Détachement : Vous prenez, sur le plan de l'engagement du recul émotionnel dans le travail. Cela commence par un système de protection de soi, pour écarter le sentiment de mal-être. En vous séparant des autres et en vous détachant des circonstances, vous vous mettez hors d'atteinte de leur possibilité de vous nuire. Malheureusement, vous leur enlevez aussi toute occasion de vous faire du bien. Le détachement est le premier pas du processus qui induit le désengagement, la mise à distance, l'engourdissement, la perte d'intérêt.

L'ennui et le cynisme : L'ennui peut être un problème, notamment si le travail n'est pas motivant et routinier. Vous arrivez au surmenage à cause des longues heures passées au travail, ou à cause des exigences trop lourdes à supporter (ex : trop de confrontations avec les gens), jusqu'à devenir insuffisamment motivé ou stimulé intellectuellement. Dès le moment ou vous vous mettez en retrait du monde qui vous entoure (détachement), il est difficile de rester intéressé par ce qui s'y passe. Vous commencez à remettre en cause la valeur de vos activités et de vos amitiés - ainsi que celle de la vie elle-même.

Vous devenez sceptique à propos des motivations des autres, «blasé » quant aux raisons de leurs actions. Vous vous moquez des nouveaux-venus, attendant qu'ils voient la réalité. Vous vous engagez dans des activités de fuite : excès de lecture, boissons, drogues, médicaments, comportements boulimiques compulsifs (nourriture, sexe), folie du shopping, etc.

Troubles psychosomatiques : Les symptômes physiques ou émotionnels sont souvent un signe de détresse. De vraies maladies se développent à cause de l'impact des émotions sur le corps.

Etape 2 : Symptômes chroniques

Impatience et grande irritabilité : Comme l'épuisement gagne du terrain, les capacités normales de la personne diminuent. L'impatience augmente, se change en irritabilité, notamment envers toutes les personnes de l'entourage. Des accès de rage complètement disproportionnés apparaissent.

Rétrécissement du champ visuel (idées étroites) : La perte de perspectives rétrécit votre sens du choix. Vous en venez à penser que vous pouvez, ou que vous devrez « faire tout », ne pas déléguer. Vous vous sentez le seul capable de surmonter les problèmes et de faire face aux nécessités du travail.

Colère et sentiment de ne pas être apprécié : Avec le déclin d'énergie vous êtes obligé d'augmenter vos efforts, mais cela n'améliore pas les résultats. Aveugle à ce résultat négatif, vous êtes irrité par le manque de reconnaissance à votre égard. Vous devenez amer et de plus en plus rempli de colère et de ressentiment.

Paranoïa : Il n'y a qu'un pas à franchir, entre le sentiment d'être sous-estimé et celui d'être « maltraité » et « manipulé » par les autres. Comme le syndrome progresse, vous devez trouver une bonne raison de vous sentir ainsi maltraité et vos soupçons augmentent à l'égard de votre entourage professionnel et à l'égard des personnes.

Désorientation : Le manque d'énergie finit par désorienter et vous faire perdre votre capacité à vous concentrer. Votre moi tourne en « mode de survie » à cause de l'afflux de demandes excessives. Vos exigences et attentes ne sont pas nécessairement déraisonnables, cependant elles dépassent vos ressources.

Le syndrome se développant, vous vivez une séparation grandissante avec votre environnement. Les événements accentuent votre agitation et votre paranoïa. Une personne « burned-out » souffre souvent de troubles dans le fonctionnement de ses pensées. Les choses que vous dites vont être altérées car vous aurez oublié le début de votre discours avant de le terminer. Vous oubliez les noms et les dates. La concentration sur un sujet devient difficile à obtenir. Par exemple, vous perdez le fil de ce que vous vouliez faire. Vous pourrez fixer votre regard sur une page un bon moment, sans savoir de quoi cela parle. Tout cela va finalement affecter vos perceptions, votre jugement et votre capacité à prendre des décisions. Si cela vous arrive, prenez conscience que vous êtes fatigué - que vous êtes au bout du rouleau.

Dépression : contrairement aux dépressions habituelles, celle qui est associée au « burn-out » est généralement spécifique et précise, atteignant plus ou moins une partie de votre vie, mais il y a un « spill-over » (débordement) qui affecte le reste de votre vie. Il peut y avoir des troubles du sommeil (se réveiller à 2 ou 3 heures du matin), perte de la libido, de l'appétit (ou le contraire), perte des repères et du sens de la vie, culpabilité car vous vous sentez « improductif ». Tout cela peut conduire à des pensées suicidaires. Il y a une perte de l'espoir, des pensées comme « tout le monde s'en fiche ! », « je ne vaux rien ! »...  Vous vous sentez labouré et ne savez pas comment réagir par rapport à cela. Vous vous inquiétez de ne pas faire du bon travail et de ne pas être à la hauteur. Vous avez probablement des exigences intérieures qui vous disent que vous devriez toujours faire mieux.

Etape 3 : La crise

Vous atteignez un seuil de pessimisme profond, vous faisant croire que la situation ne s'arrangera jamais, vous vous demandez comment faire pour vous en sortir. Et vous n'avez plus d'énergie pour essayer de changer cet état de fait. Vous êtes rempli de doutes à votre égard, spécialement parce que vous travaillez de plus en plus dur et vous produisez moins.

Vous avez le sentiment d'être une victime, d'être piégé, comme s'il n'y avait pas d'alternative possible - OU vous cherchez des moyens de vous évader en rêvassant ou fantasmant de gagner au loto.

Etape 4 : Heurter le mur

Votre vie n'a plus d'espoir.

Rétrécissement du champ visuel dû à l'incapacité de voir une autre possibilité ou un autre choix se présenter. Votre carrière et votre vie sont en danger. A cause du manque d'espoir, vous en arrivez à considérer le suicide comme une échappatoire face à la souffrance.

L'épuisement est réversible. Nous pouvons arrêter son processus et être restauré. Cela demande un engagement, afin de restaurer le moi spirituellement, physiquement, émotionnellement et intellectuellement. La restauration se produit habituellement lorsqu'on est libéré de la situation. Rester dans la situation ne permet pas de dépasser le burn-out. Pour cela, une aide est nécessaire. Nous devons apprendre à nous occuper de ce qui est vital pour la survie de notre propre personne et pour que nous fonctionnions au mieux en tant qu'individu. Notre idéal est d'apprendre à vivre à un niveau optimal de santé et de maturité, ce qui nous rend plus aptes à servir les besoins des autres, en renouvelant notre joie et notre énergie au cours du processus. Nous devons porter notre attention sur ce qui est vital pour nous.

Savoir faire son « check-up » : Utilisez la présence de ces symptômes comme des prémices - un signal que quelque chose peut arriver. Concentrez-vous sur vos sentiments et laissez-les vous guider pour vous examiner en profondeur. Aussi longtemps que vous pouvez ressentir les choses, vous êtes sur la bonne voie.

Comme test, arrêtez-vous un instant et rappelez-vous combien de fois récemment vous vous êtes surpris à dire ou à penser : « je ne vaux rien ». Puis demandez-vous si au-dessous de toutes ces lois que vous vous êtes faites, il n'y a pas un manque d'estime de soi.

La conscience de ce que nous sommes est la première étape essentielle pour intervenir face à une menace de « burn-out ». L'objectif est de rentrer en contact avec les deux « MOI » : l'image que vous donnez de vous au monde (ce « vous » que les gens ont pris l'habitude de solliciter si souvent) et le « vous » réel, probablement caché, qui a peut-être été renié...

Questions-clés à se poser si vous ressentez les symptômes du «burn-out » :

  1. Quelles étaient mes attentes en commençant cette tâche ?

  2. D'où viennent ces attentes :  de moi ? Ou des autres ?

  3. Est-ce que ces attentes étaient réalisables et appropriées ?

  4. Comment ai-je pris soin de moi ? (développement, entretien)

  5. De quelles façons n'ai-je pas pris soin de moi ?

  6. Quelles sont mes réelles aspirations sur la façon d'utiliser les dons et l'histoire que Dieu m'a donnés ? Qu'est-ce que je veux réellement faire pour utiliser au mieux mes dons et mon histoire personnelle ?