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Lycée Collège Chrétien de Bessada - Sud du Tchad
Les impressions d'une personne en visite

Nous avons visité dans un petit coin reculé du Tchad, une sorte de petite cité entourée d'un écrin de verdure et de terre rouge. Quelques bâtiments en dur, quelques cases, un terrain de sport. On y voit aussi des bœufs et des chèvres, de lourdes marmites en fonte posées sur des foyers en plein air, et selon l'heure qu'il est, de nombreux jeunes par petits groupes qui se disséminent un peu partout.

Cette petite cité est le Lycée Collège chrétien de BESSADA, au Sud du TCHAD.

C'est un lieu d'apprentissage, où les professeurs enseignent jour après jour les matières du programme national. Rien d'exceptionnel pour une école, me direz-vous! Sauf que beaucoup d'écoles dans ce pays fluctuent au rythme des grèves et des absences des professeurs et que ceux du collège, bien moins payés pourtant que les fonctionnaires, se font un devoir d'être réguliers et sérieux.

C'est un lieu d'éducation, où la vision chrétienne du monde est enseignée aux élèves lors de petits moments de culte, tôt le matin, avant les cours. Mais l'enseignement ne se limite pas  qu'aux moments de culte. Des principes basés sur le travail, le respect des uns et des autres, l'intégrité, le sérieux, semblent perler de toute part, sans même qu'ils nous soient explicitement décrits.

C'est un lieu d'avenir, ou l'informatique et la dactylographie sont enseignés, bien que ce village de brousse ne soit pas encore en possession d'un réseau électrique (Le groupe électrogène du collège permet cet enseignement).

C'est un lieu de polyvalence et de système D où le directeur fait office d'enseignant et d'administrateur -ce qui est normal- mais aussi de mécanicien, d'électricien, de chef de chantier, de coursier, et même de cultivateur ou d'éleveur - ce qui est plutôt exceptionnel pour un directeur. En effet, il faut être inventif face aux obstacles fréquents dans ce cadre éblouissant de beauté, mais impitoyable pour le matériel. Les termites, les rats, les insectes de toutes sortes, la sécheresse et la poussière, puis les pluies diluviennes et les orages violents et même la chaleur, sont sans cesse la cause de dégradations auxquelles il faut faire face.  Sans compter que les moyens financiers ne sont pas toujours au rendez-vous! Alors il faut se débrouiller comme on peut pour continuer à faire vivre ce petit monde centré autour de ses 259 étudiants.

C'est un lieu d'espoir. A chaque fois qu'un étudiant en fin d'étude retourne dans son village et applique les enseignements qu'il a reçus. A chaque fois qu'un ancien élève se bat dans son milieu professionnel pour que l'intégrité remplace la corruption. A chaque fois que dans ce pays un poste de responsabilité est confié à une personne instruite qui a entendu parler de Dieu.

C'est une forteresse de courage, qui a résisté contre vents et tempêtes, qui a persévéré pendant de nombreuses années semées d'embûches et d'épreuves, grâce à la foi et à la ténacité de ses responsables. Le LCCB a finalement obtenu l'an passé ses lettres de noblesse avec un taux de 100% de réussite au Bac et des félicitations officielles. Petit clin d'œil du succès: cette année, des élèves de la capitale ont demandé à être intégrés dans ce petit Lycée de brousse!!

Le LCCB est un joyau qui d'année en année prend de la valeur. Une valeur spirituelle qu'il est difficile de chiffrer. Le sentiment qui s'est ancré en nous après ces quelques jours passés à BESSADA, c'est une profonde estime pour les personnes qui ont lutté pour la réussite d'un projet qui nous paraît si proche du cœur de Dieu.  

Et il nous semble que notre participation financière européenne, qui est une bénédiction à leurs yeux, devrait plutôt être perçue de notre part comme un privilège. Le privilège de pouvoir arroser là où Dieu lui-même a labouré et semé, le privilège de pouvoir participer à un projet qui peut,  petit à petit, patiemment au fil du temps, changer le destin d'un pays.

MAGDA PFAENDER
Eglise du Plein Evangile - ANNECY